Claire Ly : Tradeuse bio - équitable



De Claire, les enseignants se rappellent une étudiante discrète mais assidue, volontaire. Il le fallait pour accepter de passer six heures dans les transports en commun, chaque jour, afin de suivre le master Développement économique, spécialité commerce international équitable et Développement (CIED) de l’Université de Toulon. Aujourd’hui diplômée, la jeune femme travaille comme tradeuse dans une société de négoce d’ingrédients bio qui reverse de l’argent à ses fournisseurs pour construire des écoles au Costa Rica et acheter du matériel.

Pourquoi avez-vous suivi le master CIED de l’Université de Toulon ?

En fait, j’ai toujours voulu travailler dans le commerce international. J’ai d’abord opté pour un BTS puis une licence langues étrangères appliquées au commerce international (LLEACI) à l’Université de Paris 8. Je me suis ensuite orientée vers un master LEA Affaires internationales et informations stratégiques (AIIS), à Aix-en-Provence. Il n’a pas répondu à mes attentes mais cette année là, j’ai réalisé un stage au sein d’une société de négoce d’ingrédients bio. L’ambiance et la philosophie du commerce bio et équitable m’ont tout de suite plu. C’est pourquoi j’ai décidé de me tourner vers un master qui se rapprochait le plus de ce que j’avais pu découvrir. Et je n’avais pas meilleure option que le master CIED. Heureusement pour moi, Toulon n’était pas très loin d’Aix. Tout de même 3h le matin et 3h le soir (rire).

Comment s’est déroulée votre année d’étude ?

J’avoue que j’avais beaucoup d’a priori sur la ville de Toulon, son université, son campus… mais j’ai été agréablement surprise. La ville est très jolie et l’université est excellente. J’ai trouvé les enseignants proches de nous, très professionnels, compréhensifs, sincères et habités par une passion qu’ils ont su nous transmettre. Notre promotion comptait 30 étudiants, autant de filles que de garçons. C’était un réel avantage : nous avons pu échanger, s’écouter les uns les autres et travailler en équipe. Je ne regrette en rien ces 6 heures de trajets quotidiennes pour aller à la fac, ça en valait vraiment la peine. Et je suis sûre que les enseignants se souviendront de moi longtemps pour ça ! (rire).

Qu’avez-vous appris durant le master CIED ?

J’ai suivi des cours de marketing, des cours d’anglais des affaires et des cours de « International trade and development » uniquement en anglais. Cela m’a permis d’acquérir un vocabulaire spécifique au secteur. J’ai aussi découvert l’univers des organismes humanitaires et pu comprendre comment fonctionne vraiment le commerce équitable.

Est-ce difficile de trouver un emploi au sortir de cette formation ?

Non, ce n’est pas très difficile parce que le marché du commerce bio et équitable ne cesse de croître chaque année. Plusieurs acteurs sont intéressés par le profil des jeunes diplômés d’un master CIED comme les organismes certificateurs ou les sociétés commercialisant ces produits. Avec les connaissances et compétences acquises, nous pouvons par la suite travailler dans tous les pays, dans toutes les institutions équitables du monde.

Justement, que devenez-vous aujourd’hui ?

J’ai intégré la société de négoce d’ingrédients bio pour laquelle j’avais effectué mon stage en M1 puis en fin d’étude pour valider mon master : Bio Ingrédients, à Nîmes. La société travaille en partenariat avec des entreprises américaines et allemandes qui développent des projets bio et équitables dans le monde. Nous importons par exemple des graines de sésame du Paraguay, des noix de cajou du Vietnam… que nous redistribuons à des partenaires européens. À titre individuel, nous faisons un don à notre fournisseur de sucre au Costa Rica afin de créer des classes de musique et des écoles, acheter des instruments, des livres, du matériel scolaire… Mais notre plus beau projet, c’est celui du sucre brésilien certifié ESR.

Que faites-vous dans cette société ?

Je suis responsable des importations. Tradeuse plus précisément. Ça signifie que je suis spécialiste de ce marché, j’en connais les tendances très tôt et peux les anticiper. Je suis également en lien avec Ecocert, un organisme de contrôle et de certification. Je les appelle souvent lorsque je pense avoir détecté un problème sur les importations et leur demande conseil.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le projet de sucre bio brésilien ?

Grâce à lui, nos clients versent non seulement une prime de 80 USD/ tonne directement aux travailleurs mais l’usine au Brésil protège l’environnement dans lequel elle cultive sa canne à sucre en substituant les produits chimiques par l’utilisation de la biodiversité. Grâce à leur initiative, certains animaux en voie de disparition retrouvent un refuge sur leur terre pure. C’est simplement merveilleux ! Cette usine ne ressemble en rien aux regroupements de petits producteurs recevant un prix équitable. Elle ressemble en fait à une grosse multinationale utilisant des hectares de cultures de cannes à sucre bio. Les travailleurs sont respectés et rémunérés justement. À travers ce projet, nous montrons qu’il est possible d’associer bio et équitable à grande échelle.



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