Né en Côte d’Ivoire mais de nationalité béninoise, et titulaire d’une licence en hydrologie, Emmanuel Kouadio Houndefodji, poursuit aujourd’hui un Master Sciences de la Mer parcours PHYMER (Physique) à l’Université de Toulon (UTLN). Lauréat d’une bourse d’excellence, il revient sur son parcours, ses ambitions, et son engagement en tant qu’ambassadeur de l’UTLN auprès des étudiants africains.
Après mes études au Bénin, j’ai souhaité poursuivre à l’étranger pour découvrir une nouvelle culture. En effectuant des recherches sur les formations en environnement marin, j’ai découvert que l’Université de Toulon était très réputée pour son océanologie. Ce qui m’a tout de suite attiré, c’est le contenu du parcours PHYMER du Master Sciences de la Mer (SDM) qui est très complet : le programme propose des enseignements en télédétection Radar, en dynamique des fluides géophysiques, en acoustique sous-marine, en analyse océan-climat, en modélisation océanographique et même du droit de l’environnement. Ces aspects me semblaient essentiels pour compléter ma formation initiale en hydrologie.
Je souhaitais également étudier dans une ville de taille moyenne, plus abordable financièrement. Et j’ai aussi une grande passion pour les sous-marins, j’ai toujours rêvé de monter dans un SNA (rire).
Dans mon pays, le Benin, les disciplines des sciences de la mer ne sont pas encore développées bien que les écosystèmes côtiers et marins du pays soient confrontés à de nombreux problèmes tels que la pollution, l’intrusion saline, l’érosion, la perte de la biodiversité. Intégrer ce master à l’Université de Toulon me permettra donc d’acquérir des connaissances nouvelles qui seront très utiles pour la préservation des zones côtières dans mon pays.
C’est une année très enrichissante, mais exigeante. Les cours sont denses.
Au début, l’intégration n’a pas été simple : j’étais le seul étudiant international dans la promotion, et l’accent a parfois été une barrière. Mais j’ai progressivement pris mes marques grâce à mes camarades, avec qui je travaille souvent. Nous nous entraidons beaucoup et nous partageons aussi des moments de détente : sorties, trampoline, repas entre amis. J’ai forgé de vrais liens d’amitié avec certains d’entre eux.
Je suis aussi membre d’un petit groupe d’étudiants béninois, ce qui me permet de garder un lien avec ma culture. On se réunit de temps en temps pour discuter, cuisiner, et parler de notre pays.
Nous étudions les propriétés physiques des courants marins et des vagues, les capteurs et plateformes, la dynamique océanique, le traitement et l’interprétation des images satellitaires généralement via Copernicus, les risques environnementaux, les interactions Océan-Atmosphère pour comprendre le climat notamment. Nous travaillons aussi sur la législation autour de l’environnement, ça peut aider à prendre des décisions.
Il y a également des projets collaboratifs. Cette année, mon groupe et moi, avons travaillé sur l’impact du changement climatique sur le phytoplancton en Méditerranée et réalisé une campagne en mer à bord d’un navire de l’IFREMER. Cela a été une vraie opportunité de découvrir les instruments de pointe que l’on utilise en océanologie, de mieux comprendre le métier de physicien océanologue.
J’ai également eu l’opportunité de participer au One Ocean Science Congress, à Nice, début juin. Ce congrès, qui a réuni environ 2000 experts du monde entier, constituait le pilier scientifique de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC).
Avec du temps et de l’ouverture, oui. La Direction des Relations Internationales (DRI) de l’Université m’a beaucoup aidé dès mon arrivée, l’accueil a été très chaleureux. Elle m’a accompagné pour les démarches administratives, l’installation, et m’a même fait découvrir le campus lors d’une visite individuelle.
La DRI organise aussi des événements pour les étudiants internationaux, comme une fête de Noël ou des sorties locales. Cela permet de rencontrer d’autres étudiants venus d’Afrique, d’Europe de l’Est ou d’Asie. Ces rencontres sont très précieuses, car elles permettent de partager nos expériences de déracinement, souvent similaires même si nous venons de pays différents.
Je souhaite poursuivre ici, en doctorat dans le domaine de la télédétection ou de l’acoustique sous-marine. Mon objectif à long terme est de retourner au Bénin pour devenir enseignant-chercheur à l’Université d’Abomey-Calavi. Les sciences de la mer sont encore peu développées chez nous. En me spécialisant dans ce domaine, j’espère contribuer à former une nouvelle génération de scientifiques et à faire progresser la recherche.
Je suis également ambassadeur de l’Université de Toulon auprès de Campus France. Je pourrai informer les étudiants africains sur les possibilités offertes par l’Université de Toulon qui est dotée d’un encadrement sérieux, d’un climat accueillant, d’équipements scientifiques de qualité et d’enseignants à l’écoute.