Trois étudiantes toulonnaises entrent à l’École Nationale de la Magistrature



Le concours de l’École Nationale de la Magistrature a rendu son verdict. Pour la première fois, trois étudiantes de la Faculté de droit de Toulon intègreront une même promotion. Elles ont fait leur rentrée le 28 janvier.

C’est l’un des concours les plus ardus de France. Cette année, sur 3000 candidats inscrits aux concours d’entrée, seuls 221 ont été admis comme auditeurs de justice dans l’unique école française à former les futurs magistrats. Le 28 janvier, lors de la rentrée de la promotion 2019 de l’École Nationale de la Magistrature, elles seront trois étudiantes de l’Université de Toulon à monter les marches du prestigieux établissement bordelais.

« C’est un succès inouï pour une faculté de notre taille car ce concours est extrêmement difficile. En pourcentage de réussite et au pro rata du nombre d’inscrits dans cette préparation, nous faisons largement mieux que nos voisines ! », se réjouit Thierry di Manno, doyen de la Faculté de droit de Toulon.

Cette rentrée précèdera de quelques jours la cérémonie solennelle de prestation de serment, qui se déroulera à la cour d’appel de Bordeaux le 1er février. Avant cela, Juliette Garnier, Claire Rémy et Ludivine Camille ont été invitées à l’audience de rentrée solennelle du Tribunal de Grande Instance de Toulon au cours de laquelle la présidente du TGI n’a pas oublié de souligner leur réussite.

Jeunes femmes décidées

Lorsqu’on leur demande ce qu’avoir réussi ce concours leur procure comme sensation, leurs yeux s’écarquillent de stupéfaction à l’idée de répondre conjointement, arguent qu’elles auraient besoin de se concerter pour donner sens à leur discours. Les premiers mots lâchés à l’improviste montrent pourtant qu’elles sont sur la même longueur d’onde.

« Je suis pressée et en même temps intimidée à l’idée de rentrer à l’ENM, lance Juliette.

« J’ai encore l’impression qu’il s’agit d’une erreur », souffle Claire. « Moi, j’ai imprimé mon document d’admission pour prouver que j’ai bien été reçue, renchérit Ludivine. Je pense que c’est au moment de la prestation de serment, lorsque nous serons en robe, que nous réaliserons. »

Elles ont le verbe facile et le rire haut, nerveux. La pression de ces derniers mois retombe doucement.

« Nous avons gagné cette bataille acharnée du travail », aime à claironner Juliette.

Major de sa promotion en Master 1 et en Master 2, elle est portant habituée à ne pas compter ses heures.

Vie personnelle mise entre parenthèses, nombreux sacrifices pour revoir les cinq années d’étude de droit en un an, à ne pas voir le temps s’envoler au dehors des murs de leur chambre, la pression... Il faut faire preuve de caractère pour réussir. Et s’entourer. Claire et Ludivine ont toutes les deux tenté leur chance, respectivement à Aix et à Lyon. Mais les heures passées, seules, ont eu quelque peu raison de leur enthousiasme. Pour leur deuxième essai, elles ont fait le choix de revenir auprès de leurs proches, à Toulon, et d’intégrer la préparation au concours externe de l’ENM mise en place par la Faculté de droit.

« Nous avons commencé modestement mais avec la volonté de se démarquer des autres préparations à ce concours, relève Thierry di Manno. D’emblée, nous avons voulu que cette prépa implique des universitaires et des magistrats. »

Ouverte en 2012, elle s’inspire des formations les plus performantes sur le plan national, structurée en fonction des compétences et capacités spécifiques attendues du futur magistrat et prodiguée à un nombre réduit de candidats. Une dizaine environ, aux profils homogènes afin de constituer un groupe soudé.

« Nous avons fait le choix de limiter le nombre de candidats pour leur offrir un surencadrement, notent Geneviève Dorvaux, Maître de conférences de Droit privé à l’UTLN et Laurent Sebag, vice-président du TGI de Toulon, responsables de la préparation. Il n’y a pas de module d’enseignement. Le temps que nous passons avec les étudiants, nous le consacrons à des entraînements pratiques similaires à ce qu’ils verront au concours ».

En 2018, six étudiants se sont présentés au concours pour 50% de réussite.

En 2014, Louise Debleds était la première étudiante ayant suivi la préparation à avoir intégré l’ENM. Elle est aujourd’hui substitut du procureur à Vannes. Les auditeurs de justice de la promotion 2019 prendront leur premier poste (de juge, juge des enfants, juge d’instruction, juge de l’application des peines, juge d’instruction, juge placé, substitut du procureur ou substitut du procureur placé) en septembre 2021.



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