Covid-19 : la mégafaune sous-marine retrouve son espace vital



Dans le cadre de la mission Sphyrna Odyssey, l’équipe du Pr. Hervé Glotin a lancé une expédition ‘Silence de la mer’ visant à étudier l’impact des bruits produits par l’Humain sur les espèces marines.

Une rencontre inattendue et féérique ! La semaine dernière, face aux îles d’Hyères, l’équipage de la mission Sphyrna Odyssey a dérivé pendant près d’une heure avec un groupe d’une quinzaine grands dauphins (T.t.), dont trois bébés. Sa rencontre en groupe et sur plusieurs heures est assez rare.

"C’est un comportement inhabituel, peut-être la norme dans une mer sans activité humaine, sourit Hervé Glotin, titulaire de la chaire Intelligence Artificielle et Bioacoustique de l’Université de Toulon. Le trafic maritime est proche de celui d’avant guerre ! Les cétacés devraient se rapprocher des côtes qu’ils fuient depuis 20 ans.”

Débarrassés des perturbations acoustiques dues à l’intensité du trafic maritime – la Méditerranée subit l’un des plus importants au monde - les espèces maritimes reprennent possession de leur territoire naturel, comme deux rorquals proches des Calanques, début avril.

Reportage diffusé au journal télévisé de 20 heures sur TF1, dimanche 3 mai 2020 en fin de journal à 50min:47sec

Une situation unique qui retient l’attention des scientifiques de la mission Sphyrna Odyssey. En collaboration avec Seaproven, la plateforme technologique SMIoT et dans le cadre du pôle INPS de l’UTLN, Hervé Glotin et son équipe mèneront la mission ‘Silence de la mer’ visant à caractériser le milieu marin, mesurer le comportement en 3D (cf Illustration) et la densité de présence de plusieurs espèces de cétacés aux alentours des côtes pendant et après le confinement afin de connaître plus précisément l’impact anthropophonique sur l’éloignement des populations des côtes.

Figure : un des résultats de Sphyrna Odyssey 2019-2020 : les pistes 3D de 5 ou 7 cachalots au large de Monaco, durant 2 heures, chassant en collaboration dans les abysses (-1000 à -2000m), une couleur = une sonde, le bateau est en surface (axes en m).

Durant cette mission, nous remontons un siècle en arrière, nous enregistrons les paysages acoustiques que nos grands parents pouvaient entendre mais qui sont usuellement masqués par les bruits industriels.

Dans cette mer calme, les animaux arrivent à communiquer sur de plus longues distances, peut-être au double ou au quadruple de ce qu’ils pouvaient faire avant le confinement. Ces changements drastiques pourraient changer certains de leurs comportements. Par exemple, la distance entre les individus pourrait être augmentée pendant des séquences de chasse, permettant de couvrir une plus large zone mais également de repérer leurs proies plus facilement. La communication entre les groupes éloignés est facilitée favorisant les liens sociaux. C’est ce que nous essayons d’observer durant la mission en comparant des enregistrements acoustiques réalisés avant le confinement et ceux d’aujourd’hui.

Nous observons ainsi des animaux moins stressés qui reprennent leurs droits. Dès le premier jour de la mission, un groupe de grands dauphins (Tt) (12 à 15 individus, dont 3 petits) a pu être observé dans la rade de Hyères. Des animaux apaisés qui ont nagé pendant près de 30min autour des navires de la mission.

Une rencontre immortalisée par Rémi Demarthon, cadreur animalier et Pauline Cottaz, réalisatrice, en vue de préparer un film documentaire sur la mission

Une mer silencieuse qui permet de réaliser des expériences idéales, protocoles scientifiques dans une piscine de 100 km2 et 2 km de profondeur avec un unique émetteur : un cargo au loin. Dès lors nous pouvons rendre compte de sa pollution acoustique.

Une mer également moins polluée par les rejets des bateaux, surtout à proximité des lieux touristiques et des grandes routes commerciales. De nombreuses mesures chimiques sont d’ailleurs réalisées pour le confirmer.

Enfin les basses fréquences acoustiques sont mesurées par les drones de la mission de manière conjointe avec l’observatoire de neutrinos MEUST et ses kilomètres de fibre optique placés dans les abysses.

Vidéo de la Fondation Prince Albert II de Monaco

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