"Les mots des mères" - un ouvrage de Martine Sagaert

Martine Sagaert est professeure de littérature du XXe siècle à l’UFR Lettres et Sciences humaines de l’Université de Toulon et dirige le laboratoire Babel. Ses travaux de recherches portent notamment sur la maternité.
Un sujet qu’elle détaille dans son dernier ouvrage, Les mots des Mères : du XVIIe siècle à nos jours, présenté lors de la fête du livre de Toulon.

Longtemps, ce sont les hommes qui ont défini ce qu’est la maternité. Succédant aux prêtres, les philosophes, les médecins et les politiques ont prescrit des règles de conduite aux « filles d’Eve » définies comme tentatrices et pécheresses. La Révolution de 1789 puis celle de 1848 vont leur donner l’occasion de s’exprimer. Un temps seulement :

Extrait 1 :

Révolution

La deuxième République va accorder le droit de suffrage à tous les hommes mais va en exclure toutes les femmes. La revendication féministe va alors prendre forme et s’organiser. Des femmes journalistes, d’origine bourgeoise ou issues de milieux populaires, vont militer sur le terrain et multiplier les témoignages. Au milieu du XIXe siècle, le roman va devenir un genre privilégié pour dénoncer les injustices et traiter de la maternité. Sous la troisième république, des femmes poursuivent la lutte pour l’égalité des sexes et l’extension du suffrage. Il faut attendre 1945 pour que les femmes obtiennent le droit de vote. Sous la quatrième république, Simone de Beauvoir publie Le Deuxième sexe.

Extrait 2 :

Simone de Beauvoir

Les femmes continuent, à cette époque-là, à avorter clandestinement. Il faut attendre 1967 pour que la contraception soit légalisée. Avec le Mouvement de Libération des femmes, et au cours des années 1970-80, la parole des femmes se libère et l‘écriture n’est plus réservée à une catégorie de privilégiés. Des écrivaines comme Annie Ernaux reviennent alors sur leur vie passée, leur vie de femme et leur vie de mère, elles témoignent a posteriori des traumatismes qu’elles ont connus. Christiane Rochefort traite de l’aliénation maternelle et des « mères à gosses » et, en 1988, d’un sujet tabou : l’inceste.

Extrait 3 :

Hélène Cixous

Extrait 4 :

Le Bébé

Les femmes vont interroger « l’ahurissant mystère de la maternité », mais aussi questionner la douleur physique, les difficultés d’être mère ou la mort d’un enfant. Certaines vont revendiquer le droit de ne pas être mère, d’autres raconter leur désir d’enfant à tous prix et la procréation médicalement assistée. Elles vont aborder de nouveaux sujets : la mère maltraitante, la mère complice d’inceste, d’infanticide. Les textes donnent à voir les nouveaux schémas familiaux, les familles recomposées, l’homoparentalité, la transparentalité. Ils abordent aussi le thème de la transmission.

Extrait 5 :

Transmission

La question qui se pose aujourd’hui, c’est la définition même de la mère. Est-ce celle qui enfante ? Celle qui éduque ? Quelle place a la belle-mère ? Qui est la mère dans un couple homoparental ? Chaque recomposition familiale est unique. Les familles aujourd’hui inventent de nouveaux rapports à leurs enfants. Et, par là même, se construit une nouvelle définition du père.

Extrait 6 :