RoboCup 2023 : l’Université de Toulon monte sur le podium de la plus grande compétition de robotique et d’intelligence artificielle au monde

Pour sa première participation aux matches de la compétition, le Robot Club Toulon termine 3e de la Middle Size League. L’équipe remporte également le challenge scientifique pour la deuxième année consécutive.

« Avec le recul, on se dit que c’était une aventure incroyable et qu’on y était. » Ce n’est pas sa première participation à la plus grande compétition de robotique et d’intelligence artificielle au monde, mais Valentin Gies, enseignant à l’IUT GEII, a toujours du mal à réaliser. Lors de la 26e édition de la RoboCup qui s’est déroulée à Bordeaux du 4 au 10 juillet, son équipe s’est hissée à la troisième place de la compétition.

Nous savions que nous étions plutôt solides sur le déplacement autonome des robots et la perception des adversaires mais nous n’avions pas de certitude sur le positionnement et le déplacement en équipe », détaille celui qui est aussi chercheur au laboratoire IM2NP de l’Université de Toulon. Ce n’est pas parce que cela fonctionne à l’université sur un terrain d’essai de 10m que tout va fonctionner sur un terrain de 22m en compétition. »

Après le 1er jour réservé aux tests, les doutes étaient levés et l’équipe avait déjà dépassé les objectifs fixés avant le départ.

Organisée chaque année dans un pays différent, la RoboCup voit des équipes universitaires s’affronter dans des matches de football de 30 minutes qui mettent la mécanique et l’électronique à rude épreuve. Le RCT a d’ailleurs eu quelques problèmes de fiabilité mécanique et au niveau des moteurs au cours de la semaine, ces derniers ayant été soumis à des contraintes extrêmes. Les étudiants et encadrants ont eux aussi souffert avec une vingtaine d’heures de sommeil cumulés.

RoboCup 2023 : l’Université de Toulon monte sur le podium de la plus grande compétition de robotique et d’intelligence artificielle au monde

Malgré des défaites contre les Hollandais de Tech United, indétrônables champions du monde en titre depuis quatre éditions, l’équipe toulonnaise impressionne par sa qualité de jeu  : un pressing défensif fort à un ou plusieurs robots sur le porteur du ballon et une bonne réactivité due à la limitation des échanges d’informations entre eux permettant de réduire le temps de latence.
Un choix technologique assumé et développé à la suite des précédentes participations aux challenges scientifique et technologique de la compétition. Les pistes de réflexion expérimentées ont fait l’objet d’études plus poussées jusqu’à obtenir le financement d’un projet ANR-ASTRID, RoboSCo, pour développer une technologie permettant à des drones en essaim de se déplacer avec un minimum de communication possible. Si l’objectif annoncé de la RoboCup est de monter une équipe de robots capables à l’horizon 2050 de battre l’équipe championne du monde humaine, les innovations qui y seront développées pour y parvenir seront transférées à l’industrie. RoboSCo pourrait par exemple à terme être utilisé en milieu hospitalier pour permettre à des robots d’effectuer les tâches ingrates aujourd’hui dévolues aux personnels de soin. Il leur faudra non seulement pouvoir se déplacer au milieu d’êtres humains mais également de robots dont les conceptions et les moyens de communication diffèrent.

Challenge scientifique

Après une quinzaine de matches, le RCT termine 3e de la poule et se qualifie en demi-finale contre les Hollandais de Falcons qui prendront le dessus. En petite finale, Français et Portugais n’arrivent pas à se départager au terme du temps réglementaire (0-0) ni des deux séances de tirs aux buts. Toulon décroche finalement la 3e place de la compétition grâce à ses victoires en poule face au même adversaire.

Une très belle performance réalisée devant un public d’amateurs et un parterre d’industriels (Airbus, EDF, Festo…) venus découvrir les futurs talents de la robotique.

« La RoboCup est une expérience fabuleuse. On y côtoie des universités prestigieuses comme UCLA et les étudiants peuvent en profiter pour se créer un réseau. Ils travaillent sur des machines très complexes. Dans ces robots, on n’a ni plus ni moins que ce qu’il y a dans une voiture autonome telle qu’une Tesla. » s’enthousiasme Valentin Giès.

L’équipe de robotique de l’Université de Toulon est composée d’une trentaine d’étudiants (BUT GEII, Master ROC de l’UFR Sciences et Techniques, élèves ingénieurs de SeaTech), d’un doctorant et de deux post-doctorants, trois enseignants-chercheurs des laboratoires IM2NP et COSMER, ainsi que d’un ingénieur d’études.

Lors de la RoboCup 2023, l’Université de Toulon a également remporté le challenge scientifique pour la deuxième année consécutive, devant les champions du monde. Ce challenge récompense les meilleures avancées scientifiques permettant aux robots d’améliorer leurs performances et leur compétitivité.

Les robots du RCT bénéficient notamment d’un système unique dans la compétition de voice coaching qui permet aux étudiants et enseignants de l’équipe de changer de stratégie en cours de match et d’adapter les engins au jeu de l’adversaire à chaque arrêt de jeu, quand les autres équipes doivent attendre la mi-temps pour modifier des paramètres de leurs algorithmes. Un vrai coach sur le bord du terrain.
L’Université de Toulon travaille également sur une nouvelle articulation d’apprentissage par renforcement de l’intelligence artificielle qui lui permettrait de s’adapter plus rapidement à son environnement.

La prochaine édition de la RoboCup se déroulera du 17 au 21 juillet, à Eindhoven, toujours détentrice du titre de championne du monde après sa victoire sur leurs compatriotes de Falcons. Le rendez-vous est pris !

Pour aller plus loin :

https://pod.univ-tln.fr/video/3122-face-a-face-recherche-avec-valentin-gies/

https://www.univ-tln.fr/RoboCup-2022-l-Universite-de-Toulon-remporte-le-Challenge.html

https://www.univ-tln.fr/Robocup-2019-Une-equipe-de-l-Universite-de-Toulon-engagee-dans-la.html