Si seulement on voyait ce que l’on fait…

Choisie par l’Université de Toulon pour créer une oeuvre artistique avec les étudiants, la compagnie ArtMacadam a donné un aperçu de son travail lors de la Semaine Ça Bouge. Ils seront de nouveau au bâtiment PI, ce 22 octobre, pour rencontrer ceux qui désirent intégrer le projet. Tout le monde peut y participer.

Un mercredi midi, sur les jardins suspendus du bâtiment PI, campus de Toulon – Porte d’Italie. Tandis que les étudiants pique niquent et se détendent, baignés une dernière fois par la douce chaleur du soleil, cinq danseurs avancent d’un pas étrange le long des coursives. Ils rampent au sol, se hissent le long de la barrière de sécurité, se plaquent aux vitres du plot Coudon, tournoient, happent et embrassent ceux qui se trouvent devant eux, s’enduisent de crème, jettent des cotillons et s’en barbouillent le visage au son d’une sono maîtrisée par leur musicien. À l’occasion de la semaine « Ça bouge à l’Université », la compagnie ArtMacadam a offert une performance dansée saisissante.

ArtMacadam
Première rencontre le 22 octobre

bâtiment PI – campus de Toulon – Porte d’Italie
BA 710
à 14 heures

ArtMacadam c’est au départ l’histoire de Hélène Charles et Wilfrid Jaubert. Deux danseurs qui ont éprouvé l’envie irrépressible de faire partager leur passion.

« La parole, les gestes du quotidien, les paysages, les espaces… Tout est prétexte à danser, explique Hélène. Très vite on s’est ouvert à tous les arts : vidéo, musique, arts plastiques… Souvent nos créations se nourrissent d’artistes qui ont d’autres médiums. Elles se nourrissent de rencontres. »

Si seulement on voyait ce que l’on fait

Leur travail questionne le quotidien et les espaces inhabituels : les monuments historiques comme la rue, les vitrines de magasin comme les bouches de métro ou les ports. Le répertoire n’est jamais totalement écrit, toujours réinterprété en fonction des lieux, de l’espace et des objets à disposition, du ressenti, du calme ou de la torpeur d’un espace, de la clarté de l’été ou de l’obscurité de la nuit transpercée par les néons de la ville. Assister cent fois à un spectacle d’ArtMacadam c’est assister à cent pièces différentes.

« Ce n’est pas un hasard si nous travaillons aujourd’hui avec l’Université de Toulon, soulignent les deux danseurs qui ont su séduire l’UTLN suite à l’appel à création artistique lancé en janvier 2015.

Leur projet Si Seulement on voyait ce que l’on fait prévoit d’investir le bâtiment PI en montrant à l’extérieur la vie qui s’écoule à l’intérieur avec force de projections vidéo, sons, lumières et danses. La façade vitrée du plot Baou qui fait face à l’esplanade de la faculté de Droit sera le théâtre d’un happening au Printemps de l’Université en mars 2016.

De novembre à mars, Hélène et Wilfrid proposeront des ateliers de danse à tous les étudiants intéressés par l’écriture d’un scénario chorégraphique s’inspirant de la vie quotidienne entre ces murs. En parallèle, des ateliers de création vidéo, de musique (bande sonore) et de lumière seront dispensés. Chacun d’eux sera travaillé indépendamment des autres pour laisser place à une part d’improvisation. Puis viendra le temps d’une mise en commun des recherches pour présenter une création unique.

Ouvert à tous

Tous les étudiants, quelle que soit leur filière, leur compétence, leur langue ou leur degré de mobilité peuvent participer. La compagnie travaille régulièrement avec des personnes à mobilité réduite, comme lors de leur performance au bâtiment PI, ce mercredi de la Semaine Ça Bouge, où Edu Oliveira, un danseur paraplégique les avait accompagné. Tout le monde peut participer à son échelle : au long cours ou ponctuellement, performer ou aider à la logistique, la technique. Que l’on soit professionnel ou amateur.

Travailler avec des étudiants sans expérience serait un pari risqué ? Qu’importe. C’est le jeu après tout. Le résultat final dépendra aussi du degré d’investissement des étudiants.

« Les plus belles émotions ne sont pas dans les théâtres mais dans les salles de travail, sourit malicieusement Wilfrid. Il y aussi une fragilité qui se révèle. Parfois ceux qui pensent ne pas pouvoir, offrent quelque chose de superbe à voir. »