Bluebottle Watch : une étude de prévention contre les méduses bleues

Dans le cadre d’un projet international, une équipe de l’Institut Méditerranéen d’Océanologie de l’Université de Toulon a participé, fin janvier 2024, à une campagne au large de Sydney visant à mieux connaître la dynamique de déplacement des bluebottles. Des méduses bleues dont la prolifération inquiète les autorités australiennes.

Le projet Bluebottle Watch s’intéresse à la dynamique des Physalia physalis, appelées « bluebottles » en Australie ; une colonie composée de milliers d’individus fonctionnellement spécialisés (flotteur, tentacules, polypes nourriciers et reproducteurs) et interdépendants. Ces dernières années, l’échouage massif et régulier de méduses à bulbe sur les plages de Nouvelle-Galles du sud, de Victoria, d’Australie-Méridionale et de Tasmanie a parfois poussé les autorités locales à fermer l’accès aux plages par prévention. Leur piqûre étant particulièrement douloureuse.
L’objectif du projet est d’en comprendre leur dynamique de transport et d’échouage, principalement forcées par le vent, les courants et les vagues, d’un point de vue expérimental et théorique, pour atteindre une prédiction dans le futur et alerter la population.

Dans le cadre d’une thèse menée par Natacha Bourg, doctorante au laboratoire MIO de l’Université de Toulon, encadrée par Anne Molcard (MIO) et Amandine Schaeffer (University of New South Wales de Sydney), des modèles imprimés à partir de scans 3D de véritables spécimens ont été testés dans la grande soufflerie d’interaction océan-atmosphère de Luminy (LASIF). Le modèle fabriqué en ABS et en silicone répond à trois critères essentiels : la forme, l’équilibre et la flottabilité.

L’étude de l’impact de l’intensité du vent sur la vitesse et la trajectoire des bluebottles de différentes formes (gauchères, droitières, voiles courtes ou basses) a permis d’obtenir un premier résultat expérimental en accord avec les études précédentes : la méduse bleue navigue avec un angle qui diminue avec l’intensité du vent (à droite du vent si gauchère et vice versa).

Fin janvier, l’équipe du MIO et leurs confrères de l’OSU Pythéas (Aix-Marseille Université) ont participé à une campagne internationale financée par l’Australian Research Council, portée par l’University of New South Wales. Un deuxième groupe de blueBottles imprimées, équipées de GPS et de systèmes de communication satellite, a été déployé au large des côtes de Sydney dans des conditions météorologiques variables permettant ainsi d’effectuer des tests dans des conditions réelles variées.

La phase d’analyse de ces observations vient de débuter, l’objectif étant de proposer un modèle Lagrangien de déplacement de ces physalis, en termes de vitesse et de direction, en fonction du vent et des courants. Ce module pourra ensuite être intégré dans les modèles de circulation océanique pour comprendre leur origine. De nouvelles expériences en soufflerie ainsi qu’en Méditerranée sont envisagées dans les prochains mois.

À lire également :

https://www.unsw.edu.au/science/our-schools/bees/our-research/bluebottlewatch

https://pod.univ-tln.fr/video/6756-mt180-2023-natacha-bourg-laboratoire-mio/