L’Université de Toulon collabore avec le Gabon

Le laboratoire MIO est porteur d’un projet de Jeune équipe associée à l’IRD (JEAI). Plusieurs chercheurs de l’Université de Toulon ont effectué des missions courte et longue durée pour déterminer l’état biogéochimique de l’Ogooué et établir des relations de collaboration.

Depuis plusieurs années, les Gabonais s’alarment d’une potentielle contamination de l’Ogooué, principal fleuve du pays dont les eaux alimentent les terres agricoles et les villes du Haut Ogooué. En 2011, le député Jean-Valentin Leyana, soutenu par un collectif de 350 habitants et de quatre ONG, avait porté plainte contre la COmpagnie MInière de l’OGooué (COMILOG) pour dégradation de l’environnement et violation des Droits de l’homme. Des élus locaux soupçonnaient un lien entre l’exploitation du manganèse et la prévalence au sein de la population de la région de Moanda de maladies cardiovasculaires, d’infections pulmonaires et de cancers. La société elle-même a entrepris, depuis 2008, des travaux de réhabilitation de la rivière Moulili, asséchée par l’exploitation de son usine de traitement, dont le cour d’eau se jette dans l’Ogooué.

Mené par l’Institut Méditerranéen d’Océanologie (MIO) de l’Université de Toulon, le PROjet OGooué MAngroves (PRO2GMA) vise à déterminer l’état biogéochimique des sédiments de l’Ogooué, de la source jusqu’au delta de Port-Gentil. Un vaste programme qui sera conduit sur trois ans tant le bassin du fleuve est immense : 890 km de long et 220 000 km2 de bassin versant.
Trois missions ont eu lieu de novembre à décembre 2023, en partenariat avec le LARME (LAboratoire de Recherche Multidisciplinaire en Environnement, Université des Sciences et Techniques de Masuku, Franceville) et le LAGRAC (LAboratoire de Géomatique, de Recherche Appliquée et de Conseil, Université Omar Bongo, Libreville).

L’étude du carbone bleu et sa stabilité (Libreville)

Une première mission de prélèvements sur 15 jours a été menée par Amanda Tadini, ATER à l’UFR Sciences et Techniques de l’UTLN et lauréate cette année d’un post-doctorat MAke Our Planet Great Again, consistant à prélever trois profils sédimentaires dans les mangroves proches du parc naturel d’Akanda qui seront analysés pour déterminer la labilité du stock de carbone. Durant cette mission, des expériences ont également été réalisées sur place, avec les microorganismes du système côtier local au sein du LAGRAC. La jeune chercheuse toulonnaise a également profité de cette occasion pour faire une présentation de ses travaux et une démonstration de prélèvements et d’analyses aux étudiants de masters et doctorants de l’UOB.

L’état biogéochimique de sédiment du Haut Ogooué (Franceville)

Une deuxième mission de prélèvements sur 15 jours a été effectuée par Eléonord Mayissah-Moungues, doctorant en co-tutelle UTLN-USTM, sous la co-direction de Stéphane Mounier, géochimiste au laboratoire MIO et maître de conférences à l’UFR Sciences et Techniques de l’UTLN. Cinq points de prélèvement ont stratégiquement été identifiés pour mesurer les teneurs en métaux traces, nutriments et micro-organismes dans les sédiments de l’Ogooué (Boumango, Franceville et Lastourville) ainsi que dans ses affluents M’Passa et Lebombi. Grâce à la logistique mise en place par le LARME, la Direction Provinciale de l’Agence Nationale des Parcs Nationaux du Gabon et la Direction Provinciale de l’agence des Eaux et Forêts, les prélèvements ont été effectués depuis Boumango (proche de la frontière de la République du Congo) jusqu’à Lastourville. Après avoir ramené le profil sédimentaire au laboratoire, le tube de prélèvement contenant le sédiment est découpé sur la longueur et échantillonné pour des mesures de densité et de microbiologie. Le reste est séché pour les futures mesures au laboratoire MIO. Au total, plus de cinquante échantillons vont être traités pendant le premier semestre 2024.

Renforcement des relations UTLN-USTM et animation JEAI

Enfin, grâce au support de mission longue durée de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) accordée à Stéphane Mounier, ce dernier a pu prendre contact avec les représentants de plusieurs institutions. Lors du séjour à Libreville, les réunions et rencontres avec l’IRD, l’ANPN et le centre de recherches CENAREST ont permis d’aborder l’organisation des futures missions de la Jeune équipe associée à l’IRD (JEAI) et de planifier de nouvelles collaborations.
L’enseignant-chercheur a également mis à profit cette période pour rencontrer le recteur et le vice-recteur chargé des relations internationales de l’USTM afin de réactiver la convention cadre liant les deux établissements. Des échanges pédagogiques (co-tutelle, stage de master) et l’accueil de trois chercheurs invités sont programmés. Une nouvelle mission de prélèvement se déroulera dans le moyen Ogooué et dans le Delta de Port-Gentil en 2024.
Le partenariat entre l’Université de Toulon et l’Université des Sciences et Techniques de Masuku autour du projet PRO2GMA a pu voir le jour, notamment, grâce au soutien de Madi Abaker. L’enseignant-chercheur gabonais a obtenu son master à l’UTLN avant d’y soutenir sa thèse en 2016, au laboratoire PROTEE (devenu MIO), financée par l’Agence Nationale Gabonaise des Bourses.

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