[REPORTÉ] Séminaire "Avoir ou ne pas avoir l’accent : that is the (sociolinguistic) question"

Séminaire mercredi 5 février 2020 de 10h à 12h en W1.115

REPORTE A UNE DATE ULTERIEURE

Médéric Gasquet-Cyrus
Maître de conférences en sociolinguistique
Aix-Marseille Université

Avoir ou ne pas avoir l’accent : that is the (sociolinguistic) question

Si l’accent est souvent envisagé de façon binaire (accent régional vs social ; avoir vs ne pas voir d’accent) ou homogène (« l’accent x », « l’accent y »), des travaux contemporains invitent à penser la notion d’accent en termes d’hétérogénéité, de fluidité, de variation, de style, de répertoire, et à sortir de l’« essentialisme des discours sur l’accent » (Gasquet-Cyrus et Planchenault, 2019). Potentiellement variables en fonction des agents et de leur mobilité, des situations sociales, des enjeux, des interactions, les accents (au sens large du terme) peuvent être considérés comme des ressources langagières utilisées – avec plus ou moins d’agentivité – à des fins diverses et soumises à des évaluations dépendant des marchés dans lesquels ils sont en circulation. Et dans l’économie des échanges linguistiques (Bourdieu, 1982), ce bien est évalué différemment en fonction de divers paramètres et des croyances qui lui sont associées.

Cette présentation propose d’étudier les valeurs associées à « l’accent marseillais » à l’aune de jugements épilinguistiques traditionnels (accent « chantant ») de classements grand public (« l’accent français le plus sexy »…), mais aussi de valeurs commerciales lorsqu’il est sélectionné à des fins publicitaires (accent « vendeur » pour tel produit) ou médiatiques (téléréalité, films et séries avec accents « castés »). Il s’agira de dépasser l’« idéologie binaire de l’authenticité » (Gasquet-Cyrus et Planchenault, 2019) et les discours victimaires dénonçant l’accentisme ou la glottophobie (Blanchet 2016) pour voir comment certains accents peuvent aussi faire l’objet d’une forme de commodification, ou du moins prendre différentes valeurs, au-delà de valeurs affectives et d’un certain prestige latent.