Thierry Di Manno : "Penser le temps long pour construire l’avenir du Var"

Professeur de droit public à l’Université de Toulon et doyen honoraire de la Faculté de droit, Thierry Di Manno vient d’être nommé, au titre des personnalités qualifiées, membre du tout nouveau Conseil social, économique et environnemental du Var (CoSEE).

Une instance réunissant les forces vives du département pour contribuer à la réflexion publique sur le long terme. Il revient ici sur le rôle de ce conseil créé par le Conseil départemental du Var et son engagement :

Quel est le rôle de cette nouvelle instance ?

Le CoSEE du Var est une déclinaison à l’échelle départementale du CESE national, le Conseil Économique, Social et Environnemental. En changeant l’ordre des adjectifs, le Conseil départemental du Var a souhaité montrer l’importance qu’il accorde au social, dont il a la compétence. Ce conseil regroupe pour l’instant 36 membres, tous bénévoles et issus d’horizons très variés : le préfet maritime, la présidente du festival de Ramatuelle, le président de la CAF, le général commandant en chef des écoles militaires de Draguignan, le président de la Chambre d’agriculture du Var, le président du MEDEF du Var, des représentants associatifs en faveur des droits des femmes notamment. La composition peut évoluer mais l’idée est d’associer les forces vives de la société civile du département à l’assemblée délibérante et politique afin d’assurer une participation plus active des citoyens sur les politiques publiques.
À la différence des assemblées élues qui sont souvent accaparées par l’urgence, nous avons vocation à nourrir une réflexion sur le long terme, sur le devenir du Var dans les années à venir.

Quelles seront les premières missions du CoSEE ?

Nous avons été officiellement installés le 3 juillet. Notre premier sujet de réflexion est « Le Var, terre de réussite de la jeunesse ». Ce thème me tient particulièrement à cœur car la jeunesse, c’est l’avenir du territoire, et c’est aussi ma mission en tant qu’enseignant-chercheur. Je suis certain que cette thématique saura rassembler des points de vue très différents, mais convergents sur les priorités à donner à l’action publique.
Il y a sans doute à faire sur le logement étudiant, sur le transport. Il nous faut aussi consolider la présence de l’Université sur le territoire, tant à Toulon, à La Garde qu’à Draguignan où nous avons une antenne de la Faculté de droit et un département GEA de l’IUT.

Comment fonctionne concrètement ce Conseil ?

Cette instance est purement consultative. Le président du Conseil départemental, Jean-Louis Masson, désignera le président du CoSEE parmi les 36 membres. Ensuite, nous adopterons un règlement intérieur. Ce qui est d’ores et déjà prévu, c’est de pouvoir auditionner des personnes qualifiées si nous avons un rapport à réaliser sur un sujet. Deux réunions en séance plénière sont prévues chaque année au minimum, mais le travail pourra aller bien au-delà de ce rythme, sans doute avec la tenue de commissions en amont des séances plénières.

Qu’apportez-vous à cette instance en tant qu’universitaire ?

Je pense avoir une connaissance approfondie de notre université, que j’ai intégrée en 2001. J’y ai occupé plusieurs fonctions importantes, notamment la direction du CDPC pendant 23 ans, et j’ai été doyen de la Faculté de droit de Toulon pendant près de dix ans. J’ai la connaissance de son passé qui me permet de me projeter dans son avenir. Cette expérience me permet d’avoir une vision globale et sur le long terme de son évolution.
Ma préoccupation principale est de contribuer à une réflexion constructive sur les enjeux qui touchent les jeunes dans le département. C’est aussi ce qui peut rassembler des membres aux parcours très différents : la volonté de penser l’avenir, au-delà des urgences quotidiennes.

Et votre regard de juriste jouera-t-il un rôle dans cette réflexion collective ?

Indéniablement. Quel que soit le sujet abordé, les questions juridiques se posent. En tant que juriste et comparatiste, j’ai le réflexe de toujours regarder ce qui se fait ailleurs, dans d’autres départements ou à l’étranger. Cela permet d’identifier de bonnes pratiques, de s’inspirer sans calquer, pour améliorer ce que nous pouvons construire localement. Mais aussi de montrer que nous sommes pionniers dans certains domaines. Ma formation m’amène aussi à apporter une rigueur d’analyse et un cadre structurant à la réflexion, quels que soient les thèmes traités.