Gaby Gorsky : « En recherche, il faut rendre les parois poreuses »

Directeur de l’Observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer et chercheur à l’Université Pierre et Marie Curie, Gaby Gorsky participe depuis 2009 à l’aventure Tara. Après Tara Océans puis Tara Oceans Polar Circle, ce « biologiste-écologiste » a apporté son expertise en tant que directeur scientifique lors de l’expédition Tara Méditerranée.
Il était présent à l’Université de Toulon, à l’occasion des 6es Doctoriades euro-méditerranéennes, pour une conférence inaugurale.

Parlez-nous de votre conférence, « Tara Méditerranée : une expédition scientifique » ?

Yves Blache et Jean-Louis Jamet* m’ont fait un immense honneur en me demandant de venir transmettre ma passion aux jeunes doctorants. J’ai souhaité partager cette aventure unique en son genre : un effort pluriannuel dans la découverte du plancton, mené à l’échelle mondiale.
À l’origine de l’expédition Tara Oceans, l’idée était de célébrer les 150 ans de la théorie de l’évolution des espèces de Darwin. Nous sommes donc partis en 2009, dans le but de réaffirmer l’appartenance de l’homme aux espèces vivantes, et la nécessité pour lui d’évoluer en harmonie avec la nature. Mais pour cela, il faut la connaître, et le plancton est un bon indicateur : à lui seul, il est l’ensemble des végétaux et animaux aquatiques qui dérivent au gré des courants. Les virus et les larves de poissons tout comme les méduses ou de petits crustacés en font partie.
Avec l’expédition Tara Méditerranée, nous avons changé notre fusil d’épaule. On s’est intéressé aux plastiques comme nouveaux vecteurs de colonisation et de diffusion des organismes, et de leurs interactions avec l’écosystème méditerranéen.

Quel regard portez-vous sur les Doctoriades ?

Le programme est vaste et multipdisciplinaire, c’est une approche qui me plaît beaucoup. Je suis curieux de voir si, au cours de ces rencontres, il y aura des échanges entre les disciplines. En recherche, tous les sauts qualitatifs viennent de l’interdisciplinarité : il faut rendre les parois poreuses. Elle a d’ailleurs donné de superbes résultats dans le cadre des expéditions de Tara à travers la rencontre entre les sciences dures et sociales, le droit, la robotique, etc.

Quels sont vos projets, avec Tara ?

Tara Méditerranée s’achève en novembre, et cette missions scientifique donne déjà de très bons résultats. Nous repartirons à partir de 2016 pour une nouvelle expédition de deux ans pendant laquelle nous travaillerons sur l’état des coraux, d’ouest en est des océans Pacifique et Atlantique.

Depuis plus de dix ans le projet Tara Expéditions (initiative privée à but non lucratif) s’emploie à promouvoir la sauvegarde de nos océans et donc de notre planète, grâce à un bateau mythique : Tara, taillé pour les conditions extrêmes. Durant toutes ces années, Tara n’a cessé de travailler, la goélette a parcouru 250 000 kilomètres sur tous les océans et réalisé dix expéditions. Ce projet se décline en trois programmes : Océan et Homme, Océan et Biodiversité, Océan et Climat.

* Yves Blache est directeur du Collèges des Études Doctorales et de l’École Doctorale 548 « Mer et Sciences ». Jean-Louis Jamet est membre de l’équipe Écologie et Biologie Marines du laboratoire PROTEE. Il a participé à différentes expéditions à bord de Tara.