Le Conseil de Sécurité des Nations Unies face à la pandémie de Covid-19 : pourquoi ce silence ?

Louis BALMOND
Professseur émérite au Laboratoire CDPC - UMR CNRS 7318 DICE - UFR Faculté de droit de l’Université de Toulon

Temps de lecture : 12 minutes

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies face à la pandémie de Covid-19 : pourquoi ce silence ?

On aura compris, depuis cinq mois, que la pandémie de Covid-19 est une crise à la dimension universelle, les chiffres en témoignent, et que les États, leurs dirigeants en appelant en substance qui à Churchill («  Blood Sweat and Tears  ») qui à Clémenceau («  Je fais la guerre   »), lui ont déclaré la guerre, sans d’ailleurs montrer trop de discernement quant à l’utilisation du terme.
Ces deux caractéristiques conduisaient à penser que l’organisation universelle par excellence qu’est l’Organisation des Nations Unies, expression la moins imparfaite de la Communauté Internationale et qui a placé la paix internationale au cœur de son projet, s’emparerait du sujet, notamment par l’intermédiaire de ses deux organes décisionnels, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.
Ce dernier, pourtant investi par l’article 24 de la Charte, de la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et devant, par voie de conséquence, faire face à la «  guerre mondiale  » déclaré par la COVID-19, est resté jusqu’à présent muet. Ce silence a été vivement critiqué, par les États, notamment ceux qui n’étaient pas membres du Conseil, par les ONG, la presse, une partie de la doctrine, voire, à demi-mot, par le Secrétaire général des Nations unies lui-même. Il importe néanmoins de tenter d’apprécier ce silence à sa juste mesure en le replaçant dans le contexte actuel des relations internationales. Il apparaîtrait sans doute alors que si le système des Nations unies a eu la volonté et la capacité de répondre à la crise sanitaire, seul le Conseil de sécurité s’est trouvé dans l’impossibilité d’agir pour des motifs n’ayant trait qu’indirectement à la crise de la Covid-19. Cela conduit à s’interroger une fois de plus sur le rôle que cet organe peut jouer dans le maintien de la paix.

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© Crédit photo : Nations Unies