Henri Poincaré, une reconnaissance relative de son apport à la science

À l’occasion du 170e anniversaire de la naissance d’Henri Poincaré, Jean-Marc Ginoux, enseignant à l’IUT GMP, entend mettre fin à la controverse qui oppose le physicien français à Albert Einstein sur la paternité de la théorie de la relativité restreinte dans son dernier ouvrage : Henri Poincaré, la relativité malgré lui.

Le 30 juin 1905 marquera à jamais l’histoire de la Physique. Albert Einstein énonce clairement pour la première fois la théorie de la relativité restreinte et impose au monde la plus célèbre des formules mathématiques : E=MC2. Au point d’être devenue depuis un artefact de mode placardé sur les vêtements, les goodies ou les murs d’ado amusés par l’image du scientifique éthéré. La communauté scientifique reconnaît le chercheur allemand comme le père d’une des plus grandes avancées. Le mythe du scientifique parvenant, seul, à élaborer cette théorie et à surmonter les épreuves qu’aucun autre physicien ou mathématicien n’était parvenu à réaliser s’installe progressivement dans une opinion publique toujours avide de se découvrir de nouveaux héros.

« En réalité, lorsque l’on confronte l’historiographie aux faits, les choses ne sont pas si simples. Et on remarque que cette présentation pose davantage de questions qu’elle n’apporte de réponses », tempère aujourd’hui Jean-Marc Ginoux, Docteur en Histoire des sciences et Docteur en Mathématiques à l’Université de Toulon.

Lettres persanes

L’image commence à s’effriter en 1976, quand Arthur I. Miller, historien des sciences, retrouve trois correspondances que le physicien français Henri Poincaré a adressées à Hendrik Lorentz en mai 1905 pour lui faire part de l’avancée de ses travaux sur le principe de relativité.
La comparaison de ces trois lettres à la note de Poincaré « Sur la dynamique de l’électron » présentée le 5 juin 1905 devant les membres de l’Académie des sciences de Paris et considérée depuis comme sa contribution fondamentale à l’élaboration de la théorie de la relativité montre l’antériorité de ses travaux. L’article d’Einstein « Sur l’électrodynamique des corps en mouvement » ayant été soumis le 30 juin 1905.

« On trouve dans chacun d’eux la transformation de Lorentz (même si Einstein ne lui donne pas ce nom), la nouvelle loi relativiste d’addition des vitesses et le même modèle de déformation de la masse de l’électron en fonction de sa vitesse », rappelle encore l’enseignant toulonnais.

Depuis, deux camps s’affrontent sur la paternité de la théorie. Les partisans d’Einstein invoquant une approche différente, plus complète.
Avec son nouvel ouvrage, Poincaré, Einstein and the discovery of the special relativity, paru en anglais aux éditions Springer (une traduction française sortira en octobre 2024), Jean-Marc Ginoux entend clore la controverse une bonne fois pour toute. À la manière d’un enquêteur, il interroge les acteurs et témoins de l’histoire, relit les documents, confrontent les faits, les dates pour éclairer la vérité. Et répondre à la seule véritable question que l’on doit se poser si l’on admet que les travaux de Poincaré sont bien identiques et antérieurs à ceux d’Einstein :
« Pourquoi Poincaré n’a-t-il pas revendiqué la paternité de la théorie de la relativité restreinte ? »
L’ouvrage, préfacé par Arthur I. Miller se veut avant tout didactique et grand public. Ici peu ou pas de pages de démonstrations mathématiques absconses mais des textes fluides « pour mettre en cohérence le mythe avec les faits. »

À lire également :