Laura Galliano : « Une expérience Erasmus, c’est comme inspirer profondément et se sentir vivre »

La passion avec laquelle Laura Galliano parle de sa mobilité internationale en Estonie a convaincu l’agence Erasmus+ France de retenir sa candidature parmi les 900 reçues pour rejoindre son tout premier réseau d’ambassadeurs français l’an dernier. Une passion que l’actuelle doctorante au laboratoire CDPC de l’Université de Toulon et ancienne personnel de la DRI nous partage :

Pourquoi avoir choisi l’Estonie ?

Je voulais absolument partir dans un pays où les cours étaient dispensés en anglais. J’avais le choix entre Nottingham et Tallinn ; et avec le Brexit… Dans tous les cas, j’adore les pays froids et la neige. Et je ne regrette rien. La langue est rare, donc les gens savent tous parler anglais. Il y avait une section entière pour les étudiants étrangers, elle ne comptait que quelques Estoniens volontaires qui voulaient suivre le semestre avec nous. On est tellement stimulé intellectuellement par une nouvelle langue, une nouvelle culture que cela peut parfois nous sembler insipide quand on rentre.

Comment se sont déroulés les cours ?

Ce qui est bien avec Erasmus, c’est que l’on peut choisir ses cours à la carte. En principe, on doit choisir des cours similaires à ceux que l’on aurait suivis dans notre université d’envoi mais comme cela ne correspond pas toujours, on bénéficie d’une plus grande liberté. Moi, je n’ai choisi que des cours qui me plaisaient : droits de l’homme, droit humanitaire, droit international public…
Souvent les étudiants ont peur de partir en mobilité, peur de la langue, peur de ne pas y arriver. Mais il ne faut pas. Si tu as ta méthodo de travail en France, tu l’auras aussi là-bas. Si ton niveau de langue n’est pas excellent, en trois mois tu parles couramment. Il ne faut pas s’inquiéter. Quand je suis rentrée, j’ai été major de promo avec 16,5 de moyenne. Ce n’est pas un frein à la réussite universitaire de partir en mobilité. Tout au contraire !

Que t’a apporté ton semestre à Tallinn ?

Ma mobilité Erasmus a été l’expérience la plus enrichissante de ma vie. Le voyage en lui-même était incroyable : je me suis rendue en Estonie en voiture. J’avais fait le tour de l’Europe avant même d’être arrivée à destination. Mais tout dans mon séjour Erasmus+ a éveillé mes sens et ma curiosité : l’odeur des immenses forêts de pins et des embruns de la mer Baltique, le goût du pain chez Rükis et des baies fraîches ramassées en pleine nature, la qualité des cours de droit et la splendeur du campus, le froid - très froid - de l’hiver, les voyages organisés par l’Université… Outre la différence culturelle entre cette capitale du nord de l’Europe et mon village du sud de la France qui m’a totalement dépaysée, elle m’a également permis de connaître des personnes qui resteront à jamais des amis. Où que je parte dorénavant, j’ai un endroit où dormir. En résumé, une expérience Erasmus c’est comme inspirer profondément et se sentir vivre. Vraiment. Être libre et se sentir capable de tout.

Qu’as-tu fait ensuite ?

Ma mobilité a conditionné la suite de mon parcours : j’ai pu intégrer la classe européenne proposée en L3 par la faculté de Droit, j’ai obtenu mon stage de fin d’études puis ai travaillé à la Direction des Relations Internationales (DRI) pendant presque 3 ans, je suis aujourd’hui doctorante en droit de l’environnement comparé à l’UFR Droit et je rêve de travailler pour la Commission Européenne.

Quel a été ton rôle en tant qu’ambassadrice Erasmus+ ?

Le rôle principal d’un ambassadeur est d’abord de promouvoir la mobilité Erasmus+ au travers de notre propre expérience (NDLR : voir rapport d’activité 2023 de l’UTLN). Nous sommes donc souvent sollicités sur des évènements organisés par les lycées, collèges, universités, missions locales et autres associations pour venir témoigner et répondre aux nombreuses questions de la future génération Erasmus !
En novembre 2023, j’ai participé à la conférence annuelle de l’Agence Erasmus+ France et en avril, je suis partie à Séville pour assister à la conférence de l’Agence Erasmus+ Espagne. La présidente de la Commission Européenne y était en visio. J’ai également eu la chance de participer à l’inauguration de la flamme olympique à Marseille.
Je viens d’ailleurs d’avoir été sélectionnée pour une année supplémentaire en tant qu’ambassadrice Erasmus+ France ! Quelle fierté !

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué durant cette mobilité ?

Il y avait un réseau européen (ESN) qui proposait des voyages, des activités toute l’année. Je suis partie en Laponie finlandaise pour voir le père Noël. Le vrai ! On a fait du chien de traineau, visité les fermes de rennes. Nous sommes également partis à St-Petersbourg en bateau… On a l’impression d’être à l’autre bout de l’Europe mais en réalité on peut découvrir tous les pays baltes et scandinaves très facilement. Et les paysages, du vert partout. L’ambiance des marchés de noël, comme dans les films. En Estonie, ils cherchent le plus gros sapin pour le mettre sur la place principale de Tallinn, c’est impressionnant.

Quelle est la différence culturelle qui t’a le plus marquée ?

Comme il reste une forte influence russe en Estonie, les gens sont plutôt froids et fermés. A notre arrivée, la référente Erasmus nous a dit : « ne souriez pas aux gens dans la rue, ils vont croire que vous êtres dans un état second. »

Que sais-tu dire en Estonien ?

Terviseks ! Ça veut dire « Tchin-Tchin ». Et Tere : bonjour.

Le plat qui t’a le plus surpris ?

La saucisse d’ours ou d’élan. Quand tu es Français, ce n’est pas un plat que tu as l’habitude de manger ! Il y a un restaurant à Tallinn qui s’appelle Old Hansa - la vieille anse, le plus vieux restaurant de la ville qui ne fait que des plats médiévaux. Tu es éclairé à la bougie, et tu manges des plats d’époque. C’est très bon mais c’est bizarre.

Quelque chose qu’on ne doit pas manquer ?

Faire un tour dans les murailles de la vieille ville, c‘est incontournable. Le port de Tallinn avec les ferrys qui partent pour la Finlande, le nouveau quartier réhabilité, style industriel, avec des bâtiments en briques : « The place to be » quand tu es étudiant. Et le sauna au troisième étage de l’Université. Le jeudi soir, entre deux révisions, c’est parfait !

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